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"Ne pense pas aux limites”

Usain Bolt

Cette année, l’objectif pour moi était de passer la barre emblématique des 100km. Je cherchais à appréhender la distance et privilégiai peu le dénivelé, l’Ultra Marin était le parfait candidat. Cependant, les galères d’inscription que l’on connait
malheureusement de plus en plus, en ont décidé autrement. En effet, après un chemin de croix et enfin réussir à accéder au site, il ne reste plus que 200 dossards pour le Grand Raid. Ça sera le Grand le Raid !

Initialement je me dis que j’ai une porte de sortie via la bourse aux dossards, mais l’idée d’aller finalement chercher la distance reine fait son chemin, et peu de temps après, c’est décidé ça sera bel et bien les 175km.

Vendredi 27 Juin, Jour J, 19h20 c’est parti. L’objectif fixé est de terminer, sans bobo, le planning que je me suis fixé m’envoi sur une balade de 33h45.

Donc on part tranquille, on traverse Vannes, les rues sont bondées, on croirait le tour de France. Il y a une ambiance de fou. La moindre petite montée se fait en marchant (on garde à l’esprit les conseils des collègues qui se sont déjà frotté à cette course). On avale les kilomètres gentiment tout en restant bien calé sur l’hydratation et l’alimentation. Au kilomètre 29, arrivée à Séné, je m’arrête pour un premier gros stop où l’assistance est autorisée. Je change de T-Shirt pour repartir sec, prend le temps de manger chaud afin de se préparer dans le tunnel nocturne qui s’annonce. Et oui, la prochaine assistance n’est qu’au kilomètre 89, à Arzon. La nuit se déroule sans encombre, on reste calé au plan : bien manger, bien boire, marcher dès que ça « monte » et marcher aux sorties des ravitos car je mange (beaucoup !). Le but étant de mettre le maximum d’essence dans la machine.

La nuit passe rapidement et je me retrouve au lever du jour sur la côte atlantique vers le kilomètre 70. Le paysage est magnifique. Le terrain est un peu plus technique (côtier), mais j’aime ce profil. J’essaie juste de ne pas laisser de plume dans cette portion qui est très ludique et où on peut vite s’emballer... on reste focus ! A la sortie du ravito de Saint-Gildas-de-Rhuys (km 75) on traverse le golf (le 18 trous). J’y croise les premiers zombis à dormir par terre à même le sol. Je me surprends à me dire que je ne ressens aucun sommeil ni besoin de dormir, donc on continue ! Arzon (89km) est en ligne de mire !

C’est la 2e assistance et comme prévu au plan ça sera une grosse pause pour moi. Je prends le temps de récupérer, manger une grosse quantité de pâtes, du jambon, du fromage. La douche me fait énormément de bien et permet de repartir « frais ». C’est de bon augure, car je me sens bien et je viens d’établir mon nouveau record de distance.

Après un peu plus d’une heure de pause je remets les voiles et descend vers le port Navalo pour prendre le bateau. J’ai du coup la chance de faire la traversée de jour, donc je profite de cette mini pause pour apprécier le paysage. On voit bien que l’organisation est rodée avec cette valse des zodiacs. Je dois mettre 15min entre mettre mon gilet, embarqué, traversé, débarqué et rendre mon gilet. Arrivée à Locmariaquer, les petits chemins entre les maisons sont sympas, et permettent d’avaler les kilomètres relativement rapidement. On croise de plus en plus de monde également sur les chemins, et les encouragements font du bien. Me voilà au km 105, à Crach’, 3e assistance. Idem que les 2 précédentes on prend le temps, la poudre de perlimpinpin chargé en collagène, peptide, vitamine... pour compenser toutes les pertes. Ensuite à table, toujours cette grosse assiette de pâtes et de gruyère avec du jambon et du fromage. Je prends le temps de me changer et mini sieste qui ne durera quelques minutes car toujours pas sommeil.

 

Donc c’est parti et cette fois je prends les bâtons car même si pas de douleurs, pas de bobo, la fatigue est là et la chaleur commence à arriver. Je redécolle donc vers les 13h. Peu de temps avant d’arriver au Bono, des problèmes gastriques me freinent un peu. On essaie de continuer à bien boire, bien manger, mais la chaleur étant là ce n’est plus aussi simple. C’est là qu’avoir une assistance ça fait la différence, car un petit message et à mon arrivée au Bono (km 120) j’ai mes sticks de Smecta qui m’attendent. Je commence à être dans le dur mais c’est pareil pour tout le monde. Un gars fait un malaise et s’éclate le visage au sol. Pour lui, c’est fini, il s’est amoché le nez et cassé dents, il n’ira pas plus loin. Je repars du Bono, direction la quatrième et dernière assistance localisée à Baden – Port Blanc.

Je ne cours plus mais marche et les passages dans les champs de blé me font tirés la langue. On prend son mal en patience et on avance. Les premières grosses douleurs arrivent avec deux tendinites, une au genou gauche et une à la cheville droite. La douleur est là mais rien d’alarmant donc un pas après l’autre et on avance. Je commence à peiner sur les chemins, je me dit que une fois à Baden – Port Blanc c’est gagné. Je serai au km 144, donc moins de 30km, rien ne pourra m’arrêter si près du but. A la quatrième assistance toujours le même plan. Les douleurs se sont calmées grâce au Doliprane. Je redécolle avant la tomber de la nuit et je me dis là, on y est, go !

La nuit tombée cela devient vraiment de plus en plus compliqué avec la douleur. Le Doliprane n’aura fait effet que 1h30... donc je vais devoir serrer les dents un peu plus fort. Je raccroche le tout dernier ravitaillement à Arradon, au km 154km. Je grignote deux trois bricoles, recharge les flasques et repart. Les problèmes gastriques ont disparu, mais la douleur au genou et à la cheville est insupportable. Mon collègue qui me faisait les assistances me rejoint à 10km de l’arrivée et fait le chemin avec moi. J’en peu plus.

Je fais une première pose et tente de dormir, je somnole 5min et repart. C’est dur. C’est long. J’insulte les cotes qui m’agacent. Je m’assieds un peu, repart. J’ai les yeux qui commencent à se croiser, les coups de poignards au genou et à la cheville sont là, à chaque pas. Il ne me reste que 2km mais je décide de dormir, et cette fois dort réellement pendant 20min, mes premières minutes de sommeil en 48h. Elles me feront énormément de bien et me permettront de passer sous cette arche bleue après 34h 37mn 22s de course.

 

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